C’est le premier film que Roger Corman adapte d’Edgar Poe — un filon qu’il exploitera jusqu’à épuisement. Et c’est la preuve assez surprenante qu’un cinéaste de série B peut se transformer en excellent metteur en scène, avec un peu de foi et un bon scénario. L’apport du scénariste Richard Matheson est indéniable mais subtil : au récit gothique de l’écrivain, il se contente d’ajouter une dynamique psychologique. Le narrateur qui pénètre dans la fuligineuse maison Usher, salement lézardée, vient chercher sa fiancée, Madeline Usher, que son frère, Roderick, surprotège — un peu par soumission à une improbable malédiction familiale, beaucoup par jalousie.

L’affrontement entre les deux hommes offre à Vincent Price quelques belles tirades, dites avec la verve amère de celui qui s’est résigné au malheur… Excessive crédulité ou destin qu’il se doit d’accepter ? Corman ne tranche pas vraiment, et il a le talent, avec un minimum d’effets, de créer l’angoisse, de faire pénétrer le spectateur dans un antre de la folie, où des mortes aux ongles arrachés l’attendent au coin d’un couloir.

Avant et après projection, lecture musicale sur des poèmes de Lou REED autour de l’oeuvre d’ Edgar Allan POE

Tarif: 5 euros avec une consommation offerte